Dans le monde, le business du coton pèse près de 37 milliards d’euros de chiffre d’affaires chaque année.
En Asie, au Bangladesh, en Inde, Sandrine Rigaud est partie enquêter sur la face sombre de cet or blanc. Dans les filatures du Bangladesh notamment, des ouvrières – souvent très jeunes – vivent et travaillent dans les usines comme des prisonnières. Des situations sur lesquelles de grandes enseignes françaises semblent fermer les yeux. Un nouveau label promet aussi un coton plus équitable et respectueux de l’environnement. Mais il n’y a aucune traçabilité. Plus grave, il est en train de mettre en péril la filière du coton bio qui propose une fibre textile sans pesticides.
Coton : L’envers de nos tee-shirts (Extrait)
Coton : L’envers de nos tee-shirts (Intégrale)
De retour d’Ouzbékistan après y avoir enquêté sur les usines de coton, Sandrine Rigaud, la journaliste de « Cash Investigation » (Facebook, Twitter, #@cashinvestigati), a rendez-vous dans un café à Paris avec le patron belge d’une usine implantée sur place. Avant son arrivée, l’équipe du magazine présenté par Elise Lucet a installé quelques caméras cachées.
Elle joue le rôle d’une acheteuse française intéressée par les produits made in Ouzbékistan fabriqués dans son entreprise. « Voilà mes derniers produits. J’ai pris ‘small’. Ça devrait être bon’… », dit l’homme d’affaires en posant sur la table des échantillons 100% coton choisis à sa taille. « Oh, merci, c’est gentil », répond l’enquêtrice. Et la conversation démarre sur le travail forcé constaté en Ouzbékistan.
« Si ce n’est pas chercher des ennuis, ça… »
Le patron répond : « Invention de journalistes ! Il faut toujours faire attention avec eux. Il y en a qui sont venus en Ouzbékistan avec un visa touristique pour voir comment cela se passait… et ils se sont fait attraper. Ils sont avec un visa touristique et entrent illégalement dans une usine… et on voit qu’ils ont des appareils photo et que ce sont des journalistes ! » A noter que ce patron pense s’adresser à une cliente… qui est en fait une journaliste entrée en Ouzbékistan avec un visa touristique avant de se faire arrêter !
« Vous connaissez… Lise… euh, comment elle s’appelle ? lui demande-t-il. Une journaliste qui travaille sur France 2 ou France 3 ? Lise… Lise… Elise ou Lise ? Celle qui fait tous les grands reportages et qui est très pertinente ? Une blonde avec des cheveux très courts… » Impossible de ne pas connaître, cela paraîtrait louche : « Elise Lucet ? D’accord… Ah, oui, oui… » Le patron précise sa pensée : « Elle est très… Elle est très… Elle en a énervé plus d’un. Si ce n’est pas chercher les ennuis, ça, c’est quoi ? »