Santé publique : Six questions sur l’explosion des cas de ténias (vers solitaires) causés par des sushis (Vidéo)

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Six questions sur l’explosion des cas de ténias (vers solitaires) causés par des sushis

C’est du jamais vu en France et en Europe. En deux ans, sept personnes ont été traitées au CHU de Rennes pour des ténias, ou vers solitaires, trouvés dans leur tube digestif. La source de contamination : de la chair crue de poisson, en provenance du Japon et utilisée notamment dans la confection de sushis. Explications.

Durant ces deux dernières années, sept personnes ont été traitées au CHU de Rennes pour des ténias – communément appelés vers solitaires – présents dans leur tube digestif. Le ténia est un ver se développant dans l’organisme, après ingestion de larves pouvant se trouver dans la viande ou dans le poisson cru. Les six questions que pose cette contamination :

Est-ce une série de cas d’une ampleur unique en Europe ?

Oui. À ma connaissance, nous n’avions jamais enregistré en France, ni en Europe, autant de cas sur une période aussi courte », assure le professeur Florence Robert-Gangneux du service de parasitologie au CHU de Rennes. Ça a d’ailleurs fait l’objet d’une communication que j’ai faite le mois derniers lors d’un congrès de microbiologie à Amsterdam et beaucoup de mes confrères ont été surpris. La praticienne hospitalière compte d’ailleurs poursuivre ses investigations au niveau national.

Quelle est la source de contamination ?

Alors d’où viennent ces larves ? Nous avons pu déterminer avec certitude, par un séquençage du génotype de ce parasite, qu’elles devaient être présentes dans de la chair crue de poissons en provenance du Japon », précise le professeur Florence Robert-Gangneux. Elle est formelle sur ce point. Par contre, nous ne pouvons pas dire de quel type de poisson il s’agit.

Par déduction, les consommateurs infectés ont donc mangé du poisson cru en provenance du Japon. Ce même type de poisson dont on se sert notamment pour les sushis dont le marché a explosé en France depuis 2004.

Sait-on où ces consommateurs ont mangé du poisson cru ?

Devant le nombre de cas, nous avons décidé de mener une enquête auprès de nos patients », poursuit le professeur Florence Robert-Gangneux. Sur les sept, un seul s’était rendu en Asie mais n’avait pas mangé de poisson cru là-bas. Tous ont déclaré manger régulièrement des sushis mais pas toujours au même endroit. Ce qui rend difficile l’identification d’une source unique.

Est-ce que cette contamination est grave pour la santé ?

Heureusement non. Après ingestion des larves, le ténia met trois mois à atteindre sa taille adulte. Il peut rester des années dans le tube digestif et croître jusqu’à mesurer près de 20 m. Il peut entraîner des troubles digestifs, des formes d’anémie. Le traitement à base d’antiparasitaires est efficace. Des morceaux du ver peuvent se retrouver dans les selles !

Quelle est la législation sur les viandes de poissons crues ?

Ces viandes de poissons crues sont soumises à la réglementation européenne de 2004 qui vaut loi en France », précise Gilles Fièvre, directeur départemental adjoint de la Cohésion sociale et de la protection des populations (DDCSPP) d’Ille-et-Vilaine qui englobe notamment les services vétérinaires. La viande de poisson doit d’abord faire l’objet d’un contrôle visuel pour repérer ces larves qui sont visibles à l’œil nu. Si des larves sont repérées, la viande doit être jetée et détruite. Ensuite, si le test visuel est conforme, la viande doit être obligatoirement congelée au moins pendant 24 heures à moins 20 degrés. Le froid étant censé tuer les éventuelles larves qui échapperaient au contrôle.

Quelle va être l’action des pouvoirs publics ?

L’agence régionale de santé peut demander à la direction départementale des services vétérinaires d’enquêter sur cette contamination. Mais cette dernière, si elle le juge utile, peut d’elle-même décider d’enquêter. C’est-à-dire de remonter à la source de la contamination.

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