Consommation : Notre civilisation est passée maître dans l’art de transformer n’importe quel rite culturel en soupe commerciale. (Vidéo)

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Première publication : 23 octobre 2017

Avec la mondialisation, du Japon à la France jusque dans les moindres recoins du monde, Halloween est souvent réduit à un prétexte pour vendre tout et n’importe quoi (le plus souvent du plastique made in China). Mais à l’origine, Halloween avait un sens plus profond, fixé dans les saisons et notre rapport “local” au temps et à la nature.

Vous êtes-vous déjà demandé d’où vient la fête d’Halloween? C’est une fête dont l’origine est clairement liée au déplacement des astres. Et ça a aussi à voir avec les saisons.

Avez-vous remarqué que la date de l’Halloween est située presque au milieu de l’intervalle de temps qui sépare l’équinoxe d’automne (autour du 22 septembre) du solstice d’hiver (environ le 21 décembre)? Avouez que vous n’aviez pas fait le lien!

Les Celtes

Il y a près de 2500 ans, pour les Celtes des îles britanniques, le cycle des saisons avait une importance capitale, car il était intimement lié au cycle terrestre de la vie et de la mort. Mais leur façon de déterminer les saisons était différente.

John Mosley de l’Observatoire Griggith, à Los Angeles, raconte que, chez les Celtes, les équinoxes et les solstices avaient lieu au milieu des saisons actuelles, alors que le début de chaque saison arrivait à des dates médianes. En réalité, ce qui importait était la division de l’année en deux parties : la lumière et la noirceur; comme si leur année ne comprenait que deux saisons.

Pour eux, la transition entre la partie lumineuse de l’année et la partie sombre représentait le début de l’hiver. Ça n’arrivait donc pas le 21 décembre, mais plutôt à l’une de ces dates médianes, soit entre le 5 et le 8 novembre.

Ils célébraient la veille de cette nouvelle saison avec une fête qu’ils nommaient Samain ou Samhain pour Summer’s end. Cette célébration annonçait la mort de l’été (ou de l’automne) et la fin des moissons.

À cette ère, le lien avec l’Halloween d’aujourd’hui n’est pas encore évident, mais en y pensant bien, ces concepts de mort et de moisson s’associent parfaitement aux couleurs noir et orange. Alors, on peut imaginer que la fête de Samain est à l’origine de l’Halloween, car les deux marquent en quelque sorte la transition entre été et hiver, lumière et ombre, vie et trépas.

Photo : IS/mythja

Les chrétiens

Mettons cette information de côté pour en examiner une autre, plus récente et d’une provenance différente. Vers l’an 835, le pape Grégoire IV désigne une journée pour honorer tous les saints : le 1er novembre. On l’appelle Toussaint ou en anglais All Saints’ Day. D’après certains historiens, il avait choisi cette date précisément pour christianiser la fête de Samain.

Comme il arrive parfois lors de dates importantes, une commémoration avait lieu la veille qu’on nommait The eve of All Saints’ Day. Avec le temps, All Hallow’s Eve, où Hallow vient de Holy qui signifie saint, se déforme… et il n’y a alors qu’un pas pour que All Hallows’ Eve devienne Halloween…

Les coutumes de l’Halloween

Cependant, l’Halloween comme on la fête aujourd’hui est plutôt associée à la tradition païenne qu’à la tradition chrétienne.

Les Celtes célébraient leur Samain par un rassemblement autour d’un grand feu allumé par les druides pour guider les esprits, car on prétendait que ceux qui étaient morts dans l’année courante revenaient visiter les leurs une dernière fois.

Puisqu’ils s’attendaient pendant cette soirée à voir des fantômes sortir de leurs tombeaux et des sorcières chevaucher des balais à travers les airs ou se transformer en chats noirs, les Celtes se costumaient comme d’horribles créatures, espérant que les mauvais esprits les voient comme des démons et ne leur fassent aucun mal.

Les villageois tentaient aussi d’apaiser ces esprits maléfiques en déposant des offrandes devant leur porte et ils enterraient même des pommes le long des routes. Ils passaient aussi de porte à porte pour demander des contributions alimentaires à leurs voisins.

C’était évidemment une nuit terrifiante pour plusieurs et chacun était sur le qui-vive afin de ne pas tomber dans le panneau de quelque esprit malveillant jouant des tours malicieux.

Quand on parcourt la littérature médiévale irlandaise, il est beaucoup mention de la fête de Samain. On y apprend que les Anglais et les Irlandais creusaient les betteraves, les pommes de terre et les navets, y ajoutant une chandelle pour faire des lanternes; ces lanternes que les Celtes installaient comme balises permettaient aux esprits de retrouver leur chemin.

Après la Grande Famine du milieu du 19e, beaucoup d’Irlandais ont immigré aux États-Unis. Ils ont transporté dans leurs bagages la tradition de l’Halloween qui s’est répandue sur tout le continent nord-américain, où d’ailleurs elle est davantage célébrée qu’en Europe.

Photo : Justine Tétreault

Vous connaissez la légende de Jack et de sa lanterne? Ce serait l’histoire d’un Irlandais nommé Jack qui, ayant été trop avare toute sa vie, n’avait pas accès au ciel à sa mort. Mais l’enfer lui était aussi interdit, car il avait trop fait de mauvaises plaisanteries au diable. Il était donc condamné à errer tout autour de la Terre avec sa lanterne.

Peut-être le rencontrerez-vous le soir de l’Halloween en parcourant les rues de votre quartier?

Un texte de Ève Christian

Crédit vidéo : Radio Télévision Suisse

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